À l’ONU, l’Afrique réclame justice, équité et reconnaissance de ses droits

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La revendication centrale des dirigeants africains à l’ONU est une réforme fondamentale de la gouvernance mondiale. Ils dénoncent une marginalisation persistante et exigent une place équitable, symbolisée par une représentation permanente au Conseil de sécurité. Au-delà des structures, cet appel porte sur la justice économique, la reconnaissance du rôle climatique du continent et la nécessité de partenariats justes, remettant même en question la légitimité symbolique du siège de l’ONU.

La 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte à New York, réunissant cette année un nombre record de chefs d’État et de gouvernement venus défendre leur vision du multilatéralisme et du futur de la gouvernance mondiale.

Au cours de cette semaine, les voix africaines se sont élevées avec force pour dénoncer une marginalisation persistante et exiger une place équitable dans les instances internationales. Les chefs d’État du continent ont multiplié les appels à la justice, au développement inclusif et au respect des droits fondamentaux des peuples africains.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso a rappelé que l’Afrique, riche en ressources et en dynamisme démographique, est avant tout un «continent de l’avenir». Il a exhorté l’ONU à réformer un Conseil de sécurité jugé obsolète, afin qu’il soit «plus représentatif, plus transparent et plus proche des réalités du monde».

Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra a, de son côté, appelé à « des partenariats courageux », estimant que le développement doit devenir un véritable instrument de paix et de prévention des conflits. Il a dénoncé l’injustice persistante d’une Afrique frappée par la pauvreté, alors même que ses richesses continuent d’être exploitées au détriment de ses populations.

Le président malgache Andry Rajoelina a défendu l’idée d’un commerce équitable et de partenariats équilibrés, citant l’African Growth and Opportunity Act comme levier possible de croissance.

De son côté, le président kényan William Ruto a attiré l’attention sur la crise en Haïti, dénonçant l’indifférence de la communauté internationale et réclamant une action urgente de l’ONU pour mettre fin aux violences, aux enlèvements et à l’insécurité.

La présidente namibienne Nampumbu Nandi-Ndaitwah a rappelé, quant à elle, que les crises mondiales ont un impact direct et dévastateur sur les communautés africaines, fragilisant leur résilience et nécessitant une réponse rapide et coordonnée.

Les dirigeants africains ont surtout mis en avant les grands défis qui menacent leurs sociétés : changement climatique, fracture numérique, rôle de médiateur de l’ONU, développement durable ou encore intelligence artificielle. Tous ont exprimé le sentiment d’un continent laissé pour compte et exploité, appelant à des réformes profondes pour rétablir la justice internationale.

Cette revendication de justice internationale soulève une question délicate mais essentielle : Comment parler d’équité mondiale alors que le siège des Nations unies reste installé aux États-Unis, un pays régulièrement critiqué pour ses violations des droits humains et du droit international, tant sur son territoire concernant le traitement des migrants qu’à travers sa politique étrangère lorsqu’il soutient un génocide et des crimes de guerre à Gaza ? Plusieurs voix s’interrogent : l’Afrique réclame une place plus digne au sein de la communauté internationale, mais n’est-il pas temps, avant toute réforme de gouvernance, de réfléchir à la légitimité même du lieu où se prennent les décisions mondiales ? Déplacer le siège de l’ONU vers un pays qui incarne mieux les principes universels de respect des droits humains et d’égalité entre nations pourrait constituer un signal fort, en faveur d’une organisation véritablement représentative et crédible.

L’ADH rappelle que l’égalité, la justice et le respect de la dignité humaine ne doivent pas rester des promesses théoriques. La communauté internationale doit œuvrer à l’édification d’un système où l’Afrique serait reconnue, non pour son statut de périphérie exploitée, mais pour celui d’un acteur central et d’un partenaire à part entière. Priver l’Afrique de voix décisionnelles revient à bafouer le droit à l’égalité entre nations.

L’ADH appelle à une réforme profonde de la gouvernance mondiale autour de cinq axes prioritaires :

1. Réformer le Conseil de sécurité de l’ONU en y instituant une représentation permanente pour l’Afrique, mettant fin à son exclusion du cœur décisionnel.

2. Instaurer une justice économique par la révision des accords commerciaux inéquitables qui perpétuent l’exploitation des ressources africaines au détriment du développement local.

3. Faire de l’accès aux droits fondamentaux (éducation, santé, numérique) un pilier stratégique de la prévention des conflits et de la construction de sociétés résilientes.

4. Reconnaître et soutenir le rôle pivot de l’Afrique dans la lutte contre le changement climatique, en fléchant les financements vers des projets durables et innovants adaptés aux réalités du continent.

5. Renforcer radicalement la protection des civils dans les zones de conflit et soutenir les capacités de médiation de l’ONU pour des résolutions pacifiques et inclusives.