Le Burkina Faso : intensification des violences perpétrées par des groupes armés

Share
Selon les témoignages, l’attaque menée lundi par un groupe armé dans le nord du Burkina Faso, a fait une cinquantaine de morts parmi les soldats. Le Burkina Faso doit adopter une approche coordonnée alliant sécurité, réconciliation, retour à l’ordre constitutionnel, réponse humanitaire et lutte contre les causes profondes du conflit pour bâtir une paix durable.

Le groupe Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) serait à l’origine de cette offensive contre la base militaire de Dargo, dans la province de Boulsa , selon les témoignages. Une centaine de combattants armés auraient participé à l’attaque, pillant et incendiant la base après avoir mené des assauts meurtriers. Actif dans la région du Sahel, le JNIM fait partie des nombreux groupes islamistes responsables d’une série de violences à travers l’Afrique de l’Ouest, ayant entraîné la mort de centaines de civils et de militaires.

Le Burkina Faso connaît une période de profonde instabilité marquée par une intensification des violences perpétrées par des groupes armés. Ces derniers ont progressivement étendu leur emprise sur de vastes zones du pays, en particulier dans les régions rurales et périphériques, échappant largement au contrôle de l’État. En dehors de la capitale Ouagadougou, de nombreuses localités vivent sous la menace constante d’attaques, de blocus ou de déplacements forcés.

Cette détérioration continue de la situation sécuritaire a profondément ébranlé les institutions du pays et sapé la confiance de la population envers les autorités. Elle a également été l’un des principaux facteurs ayant conduit à deux coups d’État successifs en 2022, menés par des militaires justifiant leur prise de pouvoir par l’incapacité des gouvernements précédents à rétablir l’ordre et la sécurité. Malgré ces changements, la crise sécuritaire persiste, plongeant le Burkina Faso dans une incertitude politique et humanitaire durable.

Pour sortir de la crise, le Burkina Faso doit adopter une approche globale et coordonnée, alliant renforcement de la sécurité par la réorganisation des forces armées, amélioration du renseignement local et coopération régionale contre les groupes armés. Un dialogue inclusif avec les communautés, les leaders traditionnels et religieux, ainsi que des mécanismes de réinsertion pour les ex-combattants, sont essentiels pour favoriser la réconciliation. Le retour à l’ordre constitutionnel, avec un calendrier électoral crédible et le renforcement des institutions, doit être une priorité. Parallèlement, une réponse humanitaire efficace est nécessaire pour soutenir les déplacés internes et restaurer l’accès aux services de base. Enfin, s’attaquer aux causes profondes du conflit comme pauvreté, marginalisation et manque d’éducation, est indispensable pour établir une paix durable.