Communiqué de la société civile pour la paix et la justice
Les organisations de la société civile expriment leur indignation, leur tristesse et leur colère face au massacre d’une ampleur tragique perpétré à El-Fasher, dans la région du Darfour, à la suite de la prise de la ville par les Forces de soutien rapide (FSR).
Selon de multiples sources concordantes – organisations locales de défense des droits humains, observateurs indépendants, et agences internationales – plus de 2 000 civils, dont une majorité de femmes, d’enfants et de personnes âgées, ont été exécutés sommairement. Des arrestations massives, des disparitions forcées et des violences à caractère ethnique ont été documentées. Le Humanitarian Research Lab de l’université Yale et plusieurs organismes des Nations unies évoquent un nettoyage ethnique visant les communautés Fur, Zaghawa et Bartis.
Selon la correspondante de l’Associated Press, Fay Abuelgasim, les Forces de soutien rapide (FSR) seraient impliquées dans des arrestations et des tueries à caractère ethnique. Elle rapporte qu’une organisation locale de défense des droits humains accuse les FSR d’avoir arrêté plus d’un millier de civils et d’en avoir exécuté plusieurs dizaines. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux témoigneraient en outre de rafles massives et de meurtres d’une extrême brutalité, survenus alors que de nombreux habitants tentaient de fuir la ville à pied.
Ces atrocités rappellent les heures les plus sombres du Darfour au début des années 2000 et constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et des conventions relatives aux droits humains.
Nous, membres de la société civile :
• Condamnons fermement les massacres, les violences et toutes les formes de persécution à caractère ethnique ou religieux ;
• Demandons un accès humanitaire immédiat à El-Fasher et dans l’ensemble du Darfour pour les agences de secours et les organisations indépendantes ;
• Exigeons une enquête internationale indépendante, sous l’égide de la Cour pénale internationale, pour identifier et traduire en justice les responsables de ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité ;
• Appelons l’Union africaine, l’ONU et la communauté internationale à agir sans délai pour protéger les civils, soutenir les efforts de paix, et mettre fin à l’impunité ;
• Exprimerons notre solidarité avec toutes les victimes et les déplacés, ainsi qu’avec les défenseurs des droits humains soudanais qui risquent leur vie pour documenter la vérité.
Le peuple soudanais mérite la paix, la justice et la dignité. Nous refusons de rester silencieux face à la barbarie.
Agence des Droits de l’Homme