Au Tchad, les droits des enfants sont souvent bafoués voire marginalisés. Selon MBAIRE MBAINODJI Junior, docteur en droit public et défenseur des droits humains, un appel à l’action est plus que jamais nécessaire pour protéger les enfants et leur offrir un avenir meilleur.
Selon ce défenseur des droits humains, le constat qui prévaut actuellement sur la situation des enfants au Tchad est alarmant, soulignant l’absence d’une protection réelle pour cette frange vulnérable de la population, souvent marginalisée et ignorée et dont l’intérêt supérieur de l’enfant ne prime. Face à cette réalité, il appelle à un lancement urgent des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation des instruments juridiques internationaux sur les droits de l’enfant, qui restent trop méconnus.
Parmi les problèmes majeurs identifiés, on retrouve les mariages forcés de mineurs, principalement de jeunes filles, qui sont privées de leur droit à l’enfance, à l’éducation et à la santé. Le manque d’accès à l’éducation perpétue l’ignorance, empêchant ainsi les enfants de revendiquer leurs droits fondamentaux. Ces violations maintiennent un cycle d’inégalités et de violences structurelles.
Le premier concerne le viol d’une jeune femme de 20 ans par un commissaire de police alors qu’elle était en garde à vue, dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 17 janvier 2025.
Le second, survenu le 15 avril dernier, implique une jeune tiktokeuse à peine adolescente, violée par un groupe de jeunes. Les images de son calvaire ont ensuite été partagées sur les réseaux sociaux.
Cette affaire a été étouffée à l’amiable par les parents, sans que la justice ne se saisisse du dossier.
Deux cas qui suscitent de vives indignations à l’échelle nationale et illustrent la nécessité d’agir contre l’impunité pour assurer la protection des droits humains, en particulier ceux des enfants et des jeunes femmes.
La Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), adoptée par l’ONU en 1989 et ratifiée par le Tchad le 28 juillet 1990, établit des principes fondamentaux visant à garantir le bien-être et les droits des enfants à travers le monde. Elle oblige les États signataires à assurer à chaque enfant une protection contre l’exploitation, la violence et toute forme de discrimination.
En écho aux préoccupations soulevées par le Dr M.M. Junior, la CDE insiste sur le droit à l’éducation, considéré comme un levier essentiel de l’émancipation des enfants et de leur autonomie future. Au Tchad, où de nombreux enfants sont encore privés de ce droit fondamental, il est urgent de respecter les engagements pris au niveau international.
La Convention exige également l’interdiction effective des mariages forcés de mineurs, conformément à l’ordonnance n°006/PR/2015 du 14 mars 2015 portant interdiction du mariage d’enfants. Elle accorde une attention particulière aux filles, afin qu’elles puissent jouir pleinement de leur droit à la santé, à la sécurité et à une enfance épanouie.
Enfin, la protection contre l’impunité constitue une priorité de la CDE, qui appelle à la mise en place de mécanismes juridiques et de cadres institutionnels efficaces pour garantir les droits et la protection des enfants, sans aucune exception.