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RDC : Minerais, conflits armés et droits humains – paix durable ou stratégie d’exploitation?

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RDC : Minerais, conflits armés et droits humains – paix durable ou stratégie d’exploitation?

Si les efforts diplomatiques pour la paix en RDC sont essentiels, ils ne doivent pas servir de couverture à des objectifs économiques étrangers. La paix durable passe par la résolution des causes profondes du conflit : inégalités, mauvaise gouvernance, impunité et accaparement des ressources.

Dans un contexte géopolitique marqué par des tensions et l’instabilité, la République démocratique du Congo (RDC) redevient un point central des intérêts internationaux, principalement en raison de ses ressources stratégiques telles que le cobalt et le lithium.

Deux accords internationaux – l’un négocié à Washington, l’autre à Doha – ont récemment été signés dans le but de promouvoir la paix et de stopper endiguer les violences dans l’est du pays. Mais au-delà des objectifs déclarés de paix, une question essentielle se pose : ces initiatives visent-elles réellement à garantir les droits fondamentaux des Congolais, ou masquent-elles une nouvelle phase d’exploitation sous couvert de diplomatie ?

Comme le cite Africanews, Junior Mbuyi, l’écrivain et expert en finance, alerte sur l’illusion d’une paix «négociée» sans réel contrôle africain. Le fait que ces accords aient été facilités par des puissances étrangères révèle un déséquilibre de pouvoir évident. Dans une région marquée par des décennies de conflits, les solutions imposées ou largement influencées par des acteurs extérieurs ne sauraient garantir une paix durable, ni assurer le respect des droits humains fondamentaux, en particulier le droit à l’autodétermination, principe essentiel du droit international.

En excluant les communautés locales des discussions et en marginalisant des acteurs clés (comme le groupe rebelle M23 dans l’accord de Washington), Ces démarches renforcent une diplomatie sans effet réel ni impact significatif, qui risque d’aggraver la méfiance, d’accentuer les frustrations et de prolonger les cycles de violence.

Le projet minier de Manono, riche en lithium, est au cœur de tensions qui reflètent les luttes d’influence entre grandes puissances économiques. Le bras de fer entre le gouvernement congolais, AVZ Minerals (Australie) et KoBold Metals (États-Unis) illustre une gouvernance opaque des ressources naturelles, où le droit au développement et le droit de bénéficier des ressources naturelles sont des droits humains souvent négligés.

La suspension de la licence d’AVZ et la signature d’un nouvel accord avec KoBold, malgré une décision juridique internationale en faveur de la société australienne, montrent que le système légal lui-même est instrumentalisé. Cela pose des risques pour la sécurité juridique et pour la protection des droits des populations locales, qui devraient être les premiers bénéficiaires de ces richesses.

Si les efforts diplomatiques pour pacifier l’est de la RDC sont nécessaires, ils ne doivent pas servir de couverture à des objectifs économiques étrangers. La paix véritable ne peut s’acheter ou se négocier sans s’attaquer aux causes structurelles du conflit : inégalités, mauvaise gouvernance, impunité des groupes armés et accaparement des ressources.
Les initiatives actuelles révèlent un double langage : un discours de paix, mais des actes guidés par des intérêts géoéconomiques. En l’absence de mécanismes de redevabilité et de participation citoyenne, la population reste exclue, et les droits économiques, sociaux et environnementaux sont mis en péril.

Ce qui se joue actuellement en RDC et dans d’autres pays africains est un choix de société. L’Afrique doit-elle continuer à subir les agendas extérieurs ou reprendre en main sa souveraineté économique, politique et juridique ? Les droits de l’Homme, souvent évoqués dans les discours, doivent être concrètement intégrés dans les processus de paix et de développement. La RDC doit repenser son cadre juridique, renégocier ses contrats miniers et instaurer de véritables partenariats équitables. Sans cela, la paix restera un mirage, et les droits humains, un simple alibi.

 

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