Enfants victimes des conflits armés : l’Afrique en première ligne, Gaza au cœur de la tragédie

Les enfants en Afrique et à Gaza subissent les conséquences des conflits, mettant en danger leur vie, leur sécurité et leur éducation. Nous n’avons plus de temps à perdre, il est urgent d’agir collectivement pour protéger l’enfance, renforcer la justice et transformer les engagements internationaux en actions concrètes.
Plus de trente ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), les enfants continuent d’être les premières victimes des guerres. De l’Afrique à Gaza, ils subissent la peur, les pertes humaines, les violences physiques et psychologiques, mais aussi la destruction de leurs perspectives d’avenir. Les données récentes de l’ONU et de l’Unicef révèlent une situation alarmante : en 2024 et début 2025, 33 000 violations graves des droits de l’enfant ont été vérifiées, affectant plus de 22 500 enfants dans 26 contextes de conflit.
L’Afrique : un continent où grandir devient un combat
L’Afrique concentre certaines des violations les plus graves. En République démocratique du Congo, en Somalie ou au Nigeria, les enfants sont recrutés de force par des groupes armés, enlevés, victimes de violences sexuelles, ou encore privés de soins et d’éducation. Les attaques contre les écoles et les hôpitaux se multiplient, compromettant les droits les plus fondamentaux.
Ces violences s’inscrivent dans un contexte d’instabilité chronique, de pauvreté extrême et de faiblesse institutionnelle, aggravant la vulnérabilité des enfants. Leurs conséquences sont profondes : traumatismes psychologiques, retards éducatifs, risques accrus de marginalisation et de reproduction des cycles de violence.
Le 3 septembre 2025, l’UNICEF a averti que les réductions mondiales de financement de l’éducation pourraient entraîner l’exclusion scolaire de 6 millions d’enfants supplémentaires d’ici fin 2026. Parmi ceux-ci, environ 1,9 million d’enfants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale risquent de quitter l’école dès l’an prochain en raison des coupes dans l’aide publique au développement. En Côte d’Ivoire et au Mali, la baisse des effectifs scolaires pourrait atteindre 4 %, soit plusieurs centaines de milliers d’élèves exclus du système éducatif. Pour un continent où la jeunesse représente la majorité de la population, il s’agit d’une menace majeure pour le développement futur.
Gaza : une catastrophe humanitaire et morale
Plus de 15 000 enfants ont été tués à Gaza depuis le début du conflit (octobre 2023), et plus de 34 000 blessés également, ainsi que de nombreux déplacés. Les survivants subissent des blessures graves – amputations, paralysies, traumatismes psychologiques – dans un contexte où les infrastructures médicales et éducatives sont détruites.
Les frappes ayant touché des écoles, des abris et même des centres d’aide humanitaire illustrent la gravité de la situation. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé la possibilité de crimes de guerre en lien avec les pratiques israéliennes et les entraves à l’aide humanitaire. Le chef de l’ONU, António Guterres a, quant à lui, clairement affirmé que des décès d’enfants surviennent simplement parce qu’ils cherchent de la nourriture, et qualifié cela d’inacceptable.
Recommandations de l’ADH:
Face à de ces crises d’une ampleur inédite, l’ADH propose une série de recommandations pour orienter l’action internationale, tout en soulignant l’urgence de les traduire en mesures concrètes et effectives:
1. Renforcer la protection des enfants africains : création d’observatoires régionaux indépendants pour documenter les abus et suivi rigoureux de la mise en œuvre de la CDE.
2. Garantir l’accès humanitaire : assurer la protection des écoles et hôpitaux et permettre l’acheminement de l’aide sans entrave.
3. Investir dans l’éducation : diversifier les financements (États, secteur privé, diasporas) et développer des solutions numériques accessibles pour les zones rurales africaines.
4. Réparer et reconstruire : offrir un soutien psychosocial et éducatif aux enfants victimes de conflits afin de briser les cycles de violence.
5. Combattre l’impunité : poursuivre les auteurs de crimes contre les enfants devant les juridictions nationales et internationales, y compris la CPI.
6. Donner une voix aux enfants : intégrer leurs témoignages et aspirations dans les politiques de reconstruction et de paix.
Les enfants africains et gazaouis incarnent aujourd’hui, plus que jamais, une génération sacrifiée par les conflits. Leur droit à la vie, à la sécurité et à l’éducation est gravement menacé. Or, protéger l’enfance, c’est protéger l’avenir. Nous appelons donc à une mobilisation immédiate et collective : il est urgent de traduire les engagements internationaux en actions concrètes, de renforcer la justice et de placer la protection des enfants au cœur des priorités politiques et humanitaires.