Fin de l’AGOA : l’Afrique face au défi de son autonomie économique

La fin imminente de l’AGOA, accord commercial préférentiel avec les États-Unis, menace des dizaines de milliers d’emplois au Kenya et révèle la vulnérabilité économique de l’Afrique face aux mécanismes commerciaux internationaux.
Le Kenya affronte une crise économique imminente avec l’expiration le 30 septembre de l’AGOA, loi commerciale américaine cruciale. Ce dispositif a permis au pays d’exporter vers les États-Unis sans droits de douane, stimulant d’importants investissements, particulièrement dans le textile. Sa disparition menace directement au moins 66 000 emplois et risque d’affecter près de 660 000 personnes dont la subsistance dépend de ce secteur.
Au-delà de son impact économique, ce tournant soulève des questions fondamentales en matière de droits humains. L’AGOA était conditionnée au respect de l’État de droit, à la lutte contre la corruption et aux droits des travailleurs. Sa disparition met en lumière le paradoxe d’un modèle de développement dépendant des préférences commerciales extérieures : bien que conçu pour encourager la bonne gouvernance, son retrait risque d’aggraver la pauvreté et les inégalités.
La perte de compétitivité face à des pays comme le Bangladesh ou le Vietnam plongerait des milliers de travailleurs, majoritairement des femmes, dans une précarité immédiate. Cette situation remettrait en cause leur droit à un niveau de vie suffisant et mettrait en lumière la vulnérabilité des économies africaines face aux décisions commerciales internationales.
Au-delà du Kenya, l’enjeu concerne l’ensemble du continent africain. La situation révèle combien il est difficile de concilier intégration au commerce mondial, attractivité des investissements et protection des droits fondamentaux.
Cette crise souligne l’urgence pour les pays africains de développer des économies résilientes et moins dépendantes des mécanismes commerciaux externes. L’Afrique doit accélérer l’intégration économique régionale, diversifier ses exportations et renforcer ses chaînes de valeur continentales pour garantir sa souveraineté économique et éviter que son développement ne dépende de lois commerciales étrangères sujettes à expiration.
L’ADH appelle également les payés développés à ne pas sacrifier les droits humains au profit des intérêts commerciaux, afin de permettre l’émergence d’un véritable équilibre dans les partenariats économiques.