Hausse alarmante des violations des droits humains en République démocratique du Congo
En septembre, 619 violations des droits humains ont été documentées en RDC, dont plus de 85 % dans l’Est, principalement liées à l’offensive du M23 et aux exactions de divers groupes armés. Les forces de sécurité congolaises sont également impliquées, tandis que 201 cas de violences sexuelles ont été recensés. Les rapports soulignent aussi un inquiétant rétrécissement de l’espace civique. Malgré quelques poursuites judiciaires, la lutte contre l’impunité demeure insuffisante, rendant indispensable le renforcement des capacités institutionnelles et des actions de formation.
Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC) publie son bilan mensuel pour septembre, révélant 619 violations et atteintes aux droits humains, un niveau particulièrement élevé. Plus de 85 % de ces abus ont été commis dans les provinces de l’Est – Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri – où la persistance des conflits continue de mettre en danger les populations civiles.
Les conflits armés dans l’Est demeurent le principal moteur des abus recensés. Les provinces du Nord-Kivu, avec 345 violations, et du Sud-Kivu, avec 121 cas, concentrent l’essentiel des exactions, largement liées à l’offensive menée depuis janvier par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), responsable à lui seul de 177 violations. Parallèlement, une constellation de groupes armés continue de sévir, notamment en Ituri où 67 cas ont été documentés. Parmi les principaux auteurs figurent les Wazalendo, milices d’autodéfense soutenues par Kinshasa, les Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées à l’État islamique, ainsi que les milices CODECO issues de la communauté lendu.
Au total, 74 % des violations du mois de septembre sont attribuées aux groupes armés. Les forces de sécurité congolaises sont également mises en cause :
• 61 cas concernent les Forces armées de la RDC (FARDC)
• 60 cas impliquent la Police nationale congolaise.
Ainsi, un cinquième des violations documentées en septembre est imputable à des agents de l’État. Le Bureau onusien signale également 201 victimes de violences sexuelles liées au conflit pour le seul mois de septembre. Les auteurs les plus fréquemment cités sont :
M23 : 42 victimes
Wazalendo : 28 victimes
CODECO : 9 victimes
Twirwaneho : 14 victimes
Le groupe burundais RED-Tabara se distingue tristement, avec 50 victimes, dont 36 femmes et 11 filles. Les forces étatiques ne sont pas épargnées :
16 victimes sont attribuées à des soldats congolais,
3 à la police,
1 à l’Agence nationale de renseignement,
1 à la Garde républicaine.
Des soldats burundais et ougandais sont également impliqués dans des cas de viol en Ituri et dans le Nord-Kivu.
Réduction de l’espace civique
Il convient de souligner un resserrement préoccupant de l’espace civique et des libertés fondamentales dans plusieurs provinces, du Sud-Kivu à Kinshasa, en passant par le Haut-Katanga et le Sud-Ubangi. Parmi les victimes de ces restrictions figurent des défenseurs des droits humains, des journalistes et des citoyens, confrontés à des pressions croissantes. Par ailleurs, bien que des initiatives existent, les progrès réalisés dans la lutte contre l’impunité demeurent insuffisants. Les autorités engagent régulièrement des poursuites contre des militaires et des membres de groupes armés, lesquelles aboutissent à des condamnations devant les juridictions militaires, mais ces efforts restent encore en deçà des besoins. Dans ce contexte, il apparaît indispensable de renforcer les programmes de formation à travers le pays, réunissant magistrats, membres de la société civile et défenseurs des droits humains. Ces actions visent à consolider les capacités nationales et à soutenir les institutions, mises à rude épreuve par un environnement sécuritaire et politique fragile.
Face à l’ampleur des violations documentées et à la persistance des facteurs d’instabilité, il est essentiel que les autorités congolaises, avec l’appui de leurs partenaires régionaux et internationaux, renforcent de toute urgence leurs efforts en matière de protection des civils, de prévention des violences et de lutte contre l’impunité. Une stratégie de sortie de crise durable devra reposer sur une coordination plus étroite entre les institutions nationales, les acteurs judiciaires, les organisations de la société civile et les mécanismes de sécurité, tout en relançant un dialogue politique inclusif et en s’attaquant aux causes profondes du conflit. Seule une approche globale, combinant sécurité, justice, gouvernance et développement, permettra de restaurer la confiance, de stabiliser les provinces touchées et d’offrir aux populations une perspective réelle de paix et de réconciliation.
