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Salaires, sécurité : le Bangladesh hante toujours l’industrie textile

Asie et Océanie

Salaires, sécurité : le Bangladesh hante toujours l’industrie textile

Un collectif lance une campagne choc baptisée «#soldées» pour dénoncer les «salaires de misère» payés aux ouvriers dans des pays comme le Bangladesh. Des inspections menées dans les ateliers textiles du pays ont révélé des milliers de manquements à la sécurité.
L’industrie textile n’a toujours pas tourné la page de l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble de confection au Bangladesh, qui avait provoqué la mort de 1138 ouvriers en avril 2013. Cette catastrophe avait interpellé le monde entier sur les conditions de travail dans les usines dans les pays à très bas salaires. Un débat qui est toujours d’actualité, selon le collectif Éthique sur l’étiquette, qui a lancé mercredi une campagne choc, baptisée «#soldées», pour «exiger des multinationales l’adoption d’une politique de mise en oeuvre d’un salaire vital le long de leurs chaînes de sous-traitance».

Le collectif souligne que «la plupart des 60 millions de travailleurs/euses de l’industrie textile à travers le monde ne gagnent pas de quoi vivre décemment», c’est-à-dire de quoi «se nourrir, se loger, se soigner, envoyer leurs enfants à l’école, et encore moins épargner». Les augmentations obtenues à coups de manifestations l’an dernier par les ouvriers au Bangladesh (où le salaire minimum a été relevé de 77% à 50 euros) ou au Cambodge (à 80 euros) ne suffisent pas, selon l’organisation, qui doit lancer un site Internet -quiestlamoinschere.org – permettant de comparer les salaires d’un pays à l’autre.
Dans le cadre de cette campagne, Éthique sur l’étiquette et sa «maison mère» Clean Clothes Campaign ont évalué, à partir de questionnaires, l’engagement de 50 multinationales de l’habillement en faveur de salaires décents dans les pays où elles sous-traitent. Aucune n’a atteint la case «engagées», en haut de l’échelle. En France, six entreprises ont été sollicitées: Vuitton et Celio (qui figurent dans la case «muettes» car elles n’ont pas répondu au questionnaire, selon le collectif); Carrefour, Decathlon, Promod et Pimkie (répertoriées comme «non-engagées»).
L’an dernier, H&M avait jeté un pavé dans la mare en présentant sa stratégie «Fair Living Wage». Elle avait évoqué une possible hausse des prix de vente en magasin afin d’offrir un «salaire de subsistance» à 850.000 ouvriers dans le monde d’ici à 2018. De son côté, Inditex (Zara, Massimo Dutti, Pull and Bear, etc.) assurait au Figaro avoir mené plus de 3500 audits de contrôle des bonnes pratiques de ses fournisseurs, notamment sur la question des salaires. Si elles saluent ces engagements, les associations déplorent que les marques «ne définissent jamais un objectif de salaire décent».
Des problèmes de sécurité «dans toutes les usines»

Le drame du Rana Plaza a aussi pointé du doigt l’insécurité dans laquelle les ouvriers travaillent dans les ateliers. Les inspecteurs mandatés par des marques européennes dans le cadre de l’Accord sur les incendies et la sécurité des bâtiments au Bangladesh (qui regroupe quelque 200 signataires) ont rendu mardi leurs conclusions au terme de leur campagne d’inspection. Ils ont annoncé avoir découvert environ 80.000 problèmes de sécurité dans les 1106 usines inspectées cette année. Plus de 400 «actions correctives» ont été menées dans des ateliers.
«Nous avons relevé des manquements à la sécurité dans toutes les usines, ce qui était prévisible», a indiqué Brad Loewen, inspecteur en chef de l’Accord, dans un communiqué. Des problèmes allant de l’installation de machines trop lourdes pour les planchers aux câblages électriques défaillants, en passant par l’absence d’issues de secours ou d’alarmes à incendie. Des mesures pour remédier à ces manquements sont en cours, assure l’Accord.
«La finalisation des inspections des usines de production au Bangladesh est une étape importante. Ceci est très positif et nous allons poursuivre notre travail afin d’apporter de réelles améliorations dans l’industrie du textile», a réagi H&M, interrogé par Le Figaro. De même, Inditex se range aux conclusions de l’Accord. Enfin, Carrefour se félicite de ce que l’industrie soit «sur le bon chemin et avance en collectif». Le distributeur rappelle que «100% de nos usines ont été contrôlées».

Le Figaro

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